La première moitié de l’année 2023 semble s’apparenter à une stabilité de long terme. A savoir, des rendements obligataires positifs, avec une tendance haussière ancrée mais à un rythme maintenant plus faible, permettant aux marchés obligataires d’afficher une performance, in fine, positive. Quant aux marchés actions, ils sont aussi significativement en hausse, même s’ils cachent de grandes disparités.
Ce comportement de marché est la conséquence d’une accumulation d’éléments positifs ou plutôt d’absence d’éléments négatifs. Ces éléments auraient pu être la mise en difficulté d’un certain nombre d’acteurs qui n’auraient pas su assumer la hausse des taux. Certes, il y a eu quelques craintes sur le secteur bancaire, mais les crises ont été très bien gérées par les autorités, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Aussi, les publications des entreprises ont été plutôt de bonnes factures, avec le maintien de niveau de marges élevées et même si la croissance reste faible, l’économie n’est pas rentrée en récession comme cela avait pu être craint. Sur le plan de l’inflation, qui était le catalyseur des marchés, la croissance des prix semble se stabiliser, voire ralentir, conséquence de la baisse des prix de l’énergie. Enfin, les marchés ont été animés par la mise en avant de certains secteurs de croissance, en premier lieu, celui de l’Intelligence Artificielle, qui a été le thème porteur de ce début d’année.
Si le secteur immobilier semble se tendre et avec de potentielles difficultés qui ne seraient pas sans impacts pour le secteur bancaire et financier, nous pouvons toutefois constater que l’économie aura su gérer le réajustement important des taux d’intérêt au niveau mondial ainsi que les conséquences de la guerre en Ukraine et les tensions sur les marchés de l’énergie.
Conformément à ce que nous écrivions par le passé, nous assistons à une transition qui semble se dérouler sans trop d’accrocs. Des tendances lourdes se dessinent : Une inflation durablement élevée, d’une part, liée notamment aux politiques énergétiques et industrielles, et d’autre part, à une politique monétaire qu’on ne peut pas juger encore restrictive.
Le corolaire reste une poursuite de la tendance haussière des taux d’intérêts, des taux courts notamment, conformément aux annonces des banques centrales. Reste l’incertitude sur les taux longs, qui restent en dessous de 3% en Europe. C’est l’évolution de ces taux longs que nous mettons en tête de nos catalyseurs. En effet, les taux longs ne reflètent pas, selon nous, la réalité de l’économie et des marchés. Ils bénéficient encore de la politique de la Banque Centrale.
La normalisation engagée n’est à ce jour qu’anecdotique par rapport à la taille du bilan. Si la BCE, principal acheteur, accélère la réduction de son bilan et donc son rythme d’achat, il est fort probable, compte tenu du niveau d’inflation et de la courbe des taux actuelle, qu’un mouvement à la hausse des taux longs s’engage. Ceci nous paraîtrait relativement sain afin de retrouver de la cohérence avec les taux courts.
Cette hausse des taux pourrait cependant venir perturber à nouveau le marché obligataire, après une année 2022 très compliquée. Mais surtout, pourrait venir se poser la question de coût de la dette pour les Etats et de sa soutenabilité. Nous rappelons que la France vient de dépasser le seuil de 3 000 milliards€ de dettes et que nous ne voyons pas la politique budgétaire s'adapter.
La politique de la BCE sera donc scrutée ainsi que la cohésion européenne sur ces sujets de finance publique. L’analyse des crises récentes peut nous rassurer sur la capacité de la BCE à agir pour la stabilité financière et à l’Europe d’agir de manière unie. Pour autant, nous pensons que les équilibres sont fragiles et que les alignements d’intérêts sur les politiques monétaires et budgétaires seront de plus en plus difficiles à trouver dans les années à venir. Soyons donc vigilants.
En attendant, et en l’absence de tensions sur les taux longs, nous pouvons être confiants quant à une relative résilience des marchés financiers et notamment le rattrapage d’un certain nombre de valeurs et secteurs qui n’ont pas encore profité de la reprise de ces derniers mois. Nous restons cependant toujours prudents sur l’investissement obligataire, compte tenu des fortes pressions à la hausse des taux.
Pour autant, si l’inflation confirme sa maîtrise, nous pourrions nous repositionner d’ici la fin de l’année.
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